« Aucune volonté, mais éternellement le même fracas des flots contre le rocher ; pas de place pour l'action humaine ». - G.W. Hegel.
A 26 ans, le philosophe Georg Wilhelm Friedrich Hegel entreprend de traverser en une semaine les Alpes Bernoises en compagnie de ses précepteurs. Neuf ans après la première ascension du Mont Blanc par Horace Benedict de Saussure, le jeune Hegel livre dans son journal une vision de la haute montagne empreinte du regard de son époque. Le récit du jeune philosophe est aussi un récit de déception. Alors que le Rousseau de la Nouvelle Héloïse fait l'éloge des sommets, Hegel décrit une haute montagne austère, assourdissante de vent, de glaces impénétrables et de boue.
Ce travail, enrichi au gré de mes pérégrinations alpines et pyrénéennes, entend apporter, par l'usage du tirage lith, un (contre-) point visuel à l'expérience hégélienne de la montagne.
« A partir d’ici, la nature se présente, pour un habitant des plaines, sous un tout autre aspect. […] l’étroitesse des vallées où les montagnes dérobent toute perspective, a quelque chose d’étouffant, d’angoissant. Il aspire toujours à un espace plus vaste, plus étendu, alors que son regard se heurte sans cesse aux rochers. »
« Je doute que le théologien même le plus croyant ose attribuer à la nature dans ces montagnes la finalité d’une utilité pour l’homme, car celui-ci doit péniblement voler à cette nature le peu, le maigre usage qu’il en fait ; il n’est jamais sûr que ce qu’il dérobe, ses pauvres rapines d’une poignée d’herbe, ne disloquera pas des pierres ou ne provoquera pas d’avalanche ; il n’est jamais certain que le misérable ouvrage de ses mains, sa pauvre hutte et son étable, ne seront pas détruits en une nuit. »
« Dans la pensée de la dureté de ces montagnes ou dans le genre de sublimité qu’on leur attribue, la raison ne trouvera rien qui lui impose, qui la force à s’étonner ou à admirer. La vue de ces masses éternellement mortes ne suscita rien en moi, si ce n’est l’idée uniforme, et à la longue, ennuyeuse : c’est ainsi. »
« […] car l’homme trouve plus de satisfaction à l’idée qu’un être étranger a tout fait pour lui que dans la conscience que c’est lui qui a placé toute cette finalité dans la nature. »
Back to Top